Auteur : Kronale
Caractéristiques de jeu d'Erylka et de Tuyrn.
Tandis que le brouillard de l'aube finissait d'étreindre de ses membres humides chaque contour du paysage du Conté de Rolvalk, une silhouette se détachait telle une pâle et surnaturelle apparition entre les troncs des arbres de la forêt de Rulkyl ... Elle se déplaçait lentement, sans direction aucune parmi ces myriades de feuilles et de fougères qui libéraient à son contact et leur humidité et leur senteurs fraîches. Elle ne frissonnait aucunement alors que toute autre créature l'aurait fait si, comme elle, elle avait été nue en cette matinée de fin d'automne. Ces longs cheveux de jais flottaient librement dans son dos jusqu'au galbe de ses fesses blanches. Car blanche de peau était elle, son corps ruisselant de mille gouttelettes qui parcouraient chaque méandres, soulignaient chaque contour de ce corps étrangement magnifique, bien trop magnifique pour une simple mortelle. Elle regardait dans le vague tandis qu'inlassablement elle parcourait la forêt. Indubitablement, elle troublait de sa seule présence le calme de l'endroit et la palpitation du rubis gravé de cette étoile impie à huit branches posé sur sa poitrine, éclairant celle-ci de son aura rosé, dérangeait pareillement l'harmonie des lieux. Sa respiration était irrégulière comme celle qu'aurait une personne agitée par une profonde angoisse... mais pouvait-on parler d'angoisse tant ce sourire esquissé par ses lèvres pourpres tranchait avec une telle sensation intérieure ? |
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Distraitement, une de ses mains écartait parfois des branches d'arbustes gênant son passage tandis que l'autre tenant une dague aiguisée luisant d'un éclat sombre et gravées de runes entrelacées restait étendu le long de son corps.
Un son parvint à elle, un son caractéristique et son sourire s'accentua ...
Ulkyl de Garzd chevauchait l'esprit préoccupé, il revenait à la hâte au comté pour avertir son père qu'une félonie était à prévoir de la part de Kalk-lance-fer : les informations qu'il avait recueilli de ses divers informateurs se recoupaient et il fallait faire vite s'ils voulaient pouvoir s'opposer à temps à la probable levée de troupes sur le front Est du comté... Pourtant le jeune fils du comte était loin de s'imaginer que pour lui, le danger était tout autre, tout proche et inimaginable ...
Sa monture ralentit insensiblement sa course, suffisamment cependant pour le tirer de ses pensées... alors devant ses yeux s'élargissant d'incrédulité apparu l'étrange tableau d'une silhouette féminine campée sur le sentier forestier au devant de lui. La position que la femme avait adopté était celle d'une personne barrant le passage de son seul corps : les jambes écartées, bien droite dans le vent glacial qui soufflait dans son dos et faisait voler tout autour de son visage ses cheveux. Elle attendait les bras le long de son corps et si Ulkyl vit bien la dague luisante qu'elle tenait, son regard s'arrêta d'avantage sur la beauté de ce corps entièrement dévoilé et provoquant...
Il fit aller sa monture au pas pour s'approcher de la femme et sa voix, tremblante bien malgré lui, se fit entendre dans le silence anormal qui planait autour d'eux.
- Holà demoiselle, voila certes un corps éclatant de beauté, mais cependant est-ce bien le lieu pour le dévoiler ainsi à la nature et aux passants ?
Plus il s'approchait et plus une étrange sensation l'agitait... il mit cela sur le compte de ce que pouvaient saisir ses yeux de la diablesse qui se dressait devant lui. Diablesse, pour sûr se dit-il en un éclair lorsqu'il croisa le regard de celle-ci... un regard assurément non-humain... et tandis que le rire cristallin de la femme lui parvint, il se dit que tout compte fait, la sensation qu'il avait ressenti juste avant était plutôt l'expression que prend parfois la peur salvatrice. Son malheur était de ne pas l'avoir écouté suffisamment tôt : la peur ne le sauverait plus maintenant, mais serait un objet de plus dans ses tourments qui allaient prendre place ...
La femme saisit la bride de sa monture et exerça une puissante traction sur celle-ci de sorte que l'animal surpris trébucha dans un premier temps puis, par réflexe, se redressa brusquement en se cabrant dans le même mouvement faisant fi de son cavalier qui fut rejeté violemment au bas de sa monture.
Il se releva le plus vite qu'il le pu, esquiva de justesse le scintillement de la dague qui lui sillonna l'avant bras et le brûla. Il hoqueta sous la douleur, assurément cette arme n'était pas simplement d'acier constituée ! Il recula en trébuchant sur les pierres du sentier et dégaina son épée, ses yeux demeuraient rivés sur ce corps nu et si troublant de cette femme qui s'avançait vers lui. Il devinait que pour lui elle serait synonyme de mort s'il ne réagissait promptement, mais son esprit était parcouru de contradictions, comme refusant la réalité et tardant à réagir. Il ne pensa même pas à hurler : le son qu'il émit provenait de ses entrailles même et non de son esprit : tout son être se révoltait contre l'inéluctable avancée de la mort. Il parvint à parer le second coup porté de justesse... Le choc des deux acier résonna mais le son fut comme étouffé dans le silence pesant de la forêt comme si cette dernière niait aussi ce dont elle était témoin involontairement.
Ulkyl sentit le contact froid d'une main se poser sur son avant bras et la brûlure occasionnée par ses cinq ongles se plantant dans sa chair...
Est-ce la peur qui le paralysa ou l'étrange force dans ce bras de femme qui le maintenait qui l'empêcha de parer le troisième coup de dague qui vint le pénétrer au creux de l'abdomen ? Il regarda ce poignet blanc tenant le manche d'acier noir et qui à l'instant lui prenait sa vie, il sentit son sang se répandre sur son ventre, traverser le tissu de son justaucorps et l'assombrir, puis il vit de nouveau le regard de la femme, tout proche cette fois-ci, glacial et avide à la fois... Il tomba en arrière et tandis que sa vision se voilait, il put encore voir la créature s'agenouiller sur lui, arracher son justaucorps et se pencher d'avantage sur lui. Il ressentit une vive douleur à la poitrine et les dernières images qu'il vit furent le visage de cette femme redressant la tête un morceau de sa propre chair entre ses dents, avalé avidement, et le mouvement qu'elle fit pour continuer à se repaître. Ce n'est pas seulement de son corps qu'elle se nourrit alors, mais de tout son être, sa vitalité ses pensées et sans nulle doute son âme. Il mourut ou crut mourir, car une partie de son être continuerait de vivre au travers d'Erylka, spolié par cette femme maudite de par sa propre convoitise et condamnée à la connaissance et la puissance par le seul moyen qui lui fut laissé et que seule la forêt de Rulkyl, en cette fin de journée fut témoin... rien qu'un témoin muet qui tairait cette sombre tragédie ...
Il a été raconté dans la Complainte sur la Nuit de Tuyrn, comment cet Eshmyrien s'éprit de la princesse des sables Altuua, fille de l'orgueilleux Serl, chef de la tribu Ruskyylienne. Comment ce dernier maudit les deux amants, attendit qu'ils furent sorti du lieu de réunion sacré des tribus nomades pour leur tendre embuscades sur embuscades. Dans ce livre est aussi relaté comment, voyant que Tuyrn et Altuua échappaient à sa colère, Serl se lia à un sorcier errant et comment celui-ci lança une malédiction qui emporta Altuua dans des souffrances inhumaines tandis qu'elle mettait au monde deux perle Jumelles : Vintya et Erylka ...
Durant trois années, Tuyrn porta le deuil de sa compagne à jamais perdu, puis il se leva, sortit du sanctuaire où celle-ci reposait et le scella. Laissant la garde des petites à sa soeur Viln'ya, il lança sa nuit vengeresse sur la tribu Ruskyyl d'err lûû et après deux années d'une recherche vengeresse mit fin aux jours de Serl-le-fou en fuite et de Vask le sorcier. Alors prit fin, ou sembla prendre fin, la Nuit de Tuyrn ... et lorsqu'il revint à sa citadelle, ce fut pour y retrouver ses deux petites louves aux cinq printemps...
Alors vint un temps de répit où le sombre passé sembla s'évanouir tandis que la clarté de l'enfance, puis de la jeunesse de Vintya et d'Erylka illuminèrent les sombres corridors de Ralklolwen, citadelle de Tuyrn Prince de la nuit à l'ouest d'Elwer. Les deux fillettes s'épanouirent alors surtout grâce à la sagesse de Viln'ya qui fut à leurs côtés, remplaçant leur mère disparue, mais aussi comme préceptrice en leur enseignant diverses choses comme la connaissance des plantes et de leurs vertus. Cet enseignement équilibra un peu celui dispensé par leur père : connaissance des entités et éléments qui peuplent les plans parallèles, connaissance de la chasse, mais aussi de la guerre...
C'est dans ces années qu'une sombre graine se mit à germer dans le sein d'une des deux jumelles à l'insu de tous. Sans doute née des fluides chaotiques qui avaient jadis pris la vie d'Altuua. Erylka fut la victime et déjà dans les petites choses de la vie un caractère opposé vit le jour entre les deux jumelles ... Personne ne vit là l'essence d'un danger, et les petites guerres des deux fillettes, puis parfois des jeunes filles ne lassaient pas Tuyrn qui partait alors dans de long rires en entendant les dernières trouvailles en matière de chamaillerie de ses filles et tout se terminait bien souvent en réconciliation lorsqu'il attirait les deux jumelles sur ses genoux (et lorqu'elles furent devenues grandes, les prenait par les épaules) en leur proposant de prendre chacune leur monture et de l'accompagner dans une chevauchée au loin d'Elwer...
C'est lors d'une d'entre elle que Erylka fut perdu (l'avenir seul nous dira si ce n'est que pour un temps ...). En effet, alors qu'ils s'étaient lancés à la poursuite d'un serf solitaire de la forêt de Vasnary, loin au nord du lieu où dit-on se dresse le château de Morgada en dehors même des cartes des Jeunes Royaumes, Erylka prit un autre sentier que celui suivit au galop par son père et sa soeur pensant pouvoir prendre de vitesse l'animal aux abois et lui couper ainsi la retraite. Cependant une sombre vallée sépara bientôt Erylka des autres, et par un sombre dessin sa monture trébucha contre une traître racine, s'écroula et glissa rapidement le long de la pente abrupte sur la gauche du sentier, entraînant la cavalière dans la chute. La bête se brisa l'échine, mais amortit de son corps la chute d'Erylka qui bien que blessée au flanc, à l'abdomen et à l'épaule se releva après quelques temps. Elle pleura alors sur la perte de son destrier de toujours, Wiiln, qui trouvait ici une triste fin, mais finit par gravir petit à petit la pente qui la ramènerait sur le sentier.
Soudain, posant la main sur un rocher faisant saillit, la parois sur laquelle elle était appuyée se déroba brusquement et la jeune fille fut précipitée d'un coup dans une sombre obscurité tandis qu'une atmosphère lourde et mauvaise la prenait à la gorge. Se redressant avec difficulté, elle comprit que par le plus grand hasard sa main avait découvert un mécanisme habilement dissimulé qui ouvrait une porte dérobée de quelque lieux secrets...
Tous ses effort furent vains pour essayer de rouvrir le passage, et seul le chemin de la découverte des lieux s'offrait à elle. Intrépide, elle se retourna et parcouru lentement le long couloir taillé par quelque créature malfaisante comme le témoignaient les étranges méandres torturés de la roche.
Si la volonté d'Erylka avait été insuffisante, et peut-être aussi si cette graine de noirceur ne s'était pas immiscée en elle, elle aurait perdu l'esprit en ces lieux car l'esprit prisonnier de ceux-ci s'acharna à la détruire par une multitude d'illusions. Cependant aucune de créatures qui lui apparurent, si jamais de chair elles furent faites, ne tenta de la combattre et d'approcher la forte lame animée d'Erylka. Cependant bien noires étaient les pensées de l'être qui attira la jeune femme au coeur même du temple sous la roche et là, sur un autel de pierres rongées par une étrange mousse mouvante était posé un rubis aux éclats sanglants illuminant de ses feux la sombre caverne et l'atmosphère même sembla attirer Erylka vers la pierre tandis qu'un rire profond sortit de la roche même alors que les doigts de la jeune femme se refermait autour du joyau...
Au contact lisse de la pierre précieuse, Erylka sentit naître en elle une force méconnue mais qui ne demandait qu'à éclore en elle comme elle en fut persuadée sur le moment et comme les événements le prouvèrent par la suite...
Elle enfouit la pierre au sein de son vêtement et se hâta de trouver une sortie de ces lieux, car soudain elle sentit qu'au dehors, sa soeur et son père devaient avoir commencé de la rechercher. L'impact néfaste de la pierre commençait d'oeuvrer en elle, elle imaginait que si d'autres avait connaissance de la gemme, leur désirs se tourneraient vers la pierre et tenteraient de lui arracher. Un escalier dérobé au détour d'une salle lui fut dévoilé et lui permit de rejoindre la surface, non loin de l'endroit de sa chute, elle repéra le mécanisme d'ouverture de la trappe et la referma vivement, car déjà elle pouvait entendre les appels de sa soeur... Elle s'appuya contre un arbre, mis une main sur ses cotes et feignit de souffrir d'une vive douleur alors que ses doigts au travers de son vêtement appuyait la gemme contre son ventre et la chaleur impie de la gemme pu se repaître de ce corps et de cet esprit consentant...
Tuyrn et Vintya la découvrir ainsi contre le tronc d'un pin rugueux, à proximité du précipice où le corps de Wiiln reposait brisé. Elle leur conta brièvement l'accident en omettant la découverte du temple et du rubis. Tuyrn la regarda un instant, sondant le regard de sa fille, sembla percevoir quelque chose de sombre, mais finalement il mit cela sur le caractère taciturne de sa fille et de sa fierté avec laquelle elle cachait sans doute sa souffrance d'avoir perdu son destrier. En fait il ne devait jamais savoir que son esprit si perspicace venait d'être abusé par le voile pourpre qui baignait désormais l'esprit de sa fille.
L'incident fut oublié et ce n'est que deux mois plus tard qu'Erylka revint au Temple seule. Son amour pour la gemme était devenu sans partage et bien noir. Elle retrouva la trappe et redescendit dans le temple animée de la certitude qu'elle aurait cette fois-ci et la connaissance de la vérité sur la pierre et un pouvoir qui aurait dépassé même les espérance d'un sorcier aveuglé de folie...
C'est dans la salle où elle avait trouvé la gemme que lui apparut alors la créature du temple maudit qui vint près d'elle, l'enserra de ses membres écailleux et des sombres sortilèges de sa voix ... sans pour autant qu'elle fasse un seul mouvement pour l'en empêcher ...
« Erylka, ma petite Erylka, comme tu as tardé à revenir en ces lieux... Mais te voilà et crois moi, je savais que tu reviendrais pour savoir... pour le Savoir, car je t'ai choisi au delà d'une vulgaire malédiction d'un piètre sorcier en enfouissant en toi les germes de ma vengeance contre une entité qui jadis me bannit de son service et me confina dans la prison de ces roches. Enfin, ma vengeance va pouvoir trouver toute la plénitude pour s'exprimer et tu en seras l'instrument. Vois tu, j'ai mis longtemps pour t'attirer en ces lieux sans que Tuyrn ne puisse se douter de l'action de ma volonté : peu de gens mesure réellement les pouvoirs de ton père, mais ce n'est pas ici mon propos. J'ai en fait une proposition à te faire qui je suis sûr que celle-ci te conviendra. J'ai décelé en toi (et mis aussi en toi mais je ne te l'avouerais point...) un appétit de pouvoir et de connaissance insatiable, pourtant... j'ai sans doute le moyen de l'assouvir autant qu'il se peut et vais te le donner...
- Celle qui m'a banni était Xiombarg la Reine des épées, pour une petite querelle concernant la gouverne d'un plan éloigné de celui-ci et qui à mon sens me revenait de droit. Xiombarg en décida autrement et comme j'abattis de dépit un de ces favoris, elle me condamna à errer dans cet étroit endroit où depuis plus de deux siècles j'attends mon heure pour tirer vengeance. Les liens qui me retiennent ici sont puissants et je n'ai pu jusqu'à ce jour les briser. Cependant, un revers de destin pour mon ancienne maîtresse dans un autres plan vient de m'apporter le moyen de lui rendre la pareille ! Tu imagines aisément que pendant ces deux siècles de solitude j'ai eu le loisir de maudire Xiombarg. Etrangement ce fut cela même qui m'offrit le moyens de pouvoir avoir l'arme contre mon ennemi ...
- C'est dans une guerre menée contre Corum à la Robe écarlate (une personne du rang d'Elric le Loup Melnibonéen) et les derniers de son peuple de Valdaghs que Xiombarg fit une erreur et tomba dans un habile piège : elle défit les principes de la Balance Cosmique et entra dans un domaine qui n'était pas le sien et perdit ainsi le droit de gouverner son Royaume. Elle fut bannie à son tour et sa substance se dissipa du plan qu'elle gouvernait. Cela n'aurait pu avoir aucune importance pour moi si ma haine pour Xiombarg n'avait pas attiré à moi son coeur même... Oui, Erylka tu détiens dans tes mains le coeur de Xiombarg... Je ne sais où celui-ci se trouvait avant son bannissement des cinq plans (car les coeurs des maîtres de l'épée en ces plans sont conservés en des lieux qui leurs sont interdits afin que les maîtres aient la certitude que les autres demeurent dans leur domaine et n'aillent pas dans celui d'un autre, usurpant alors son pouvoir) cependant après la dissolution de Xiombarg, son coeur même fut banni et seule ma haine l'a attiré en ces lieux...
- Te rend tu compte de ce que cela représente ? Le moyen de contraindre Xiombarg à ce que désire celui qui possède son coeur ...!
Alors Erylka parla pour la première fois depuis son entrée dans le temple :
- Si je comprend bien ce que les détours de tes paroles veulent me cacher, tu ne peux oeuvrer sans mon aide, n'est-ce pas ? Tu ne peux pas toi même toucher ce joyau et c'est pour cela que tu m'as attiré ici ...
- Oh Erylka, ma chère enfant, je n'ai vraiment pas eu tord de te choisir ... Oui tu as raison, il ne m'est pas possible de toucher au Rubis, mais je ne pense pas que je t'utilise comme un simple instrument et si c'est vrai que j'ai besoin de toi, ce n'est que pour me venger de Xiombarg et me libérer de ces liens... Crois moi, ce que je te propose n'est rien d'autre qu'une alliance temporaire entre nous deux : si tu m'assures ton concours, je t'assurais le mien en te donnant la volonté nécessaire pour contraindre Xiombarg là où nulle mortel n'aurait pu le faire ...! Par ailleurs, je vais t'offrir autre présent te donnant le pouvoir de persuasion sur la Reine Xiombarg.
Et la créature l'entraîna dans les profondeurs de ses corridors torturés... L'être banni dont le nom ne fut pas connu d'aucune créature des Jeunes Royaumes accompagna Erylka jusqu'à une pièce éclairée de brandons aux couleurs rougeoyantes. Là, sur une table de marbre noir, était posée une dague de la même couleur, parcourue de runes entrelacées...
- Voici Lurskow qui te donnera pouvoir sur la Reine Xiombarg. Il m'a fallu longtemps pour le piéger dans mes runes de liens, mais j'y suis parvenu. Lurskow n'est pas une des moindres créatures que piègent parfois ces sorciers maladroits de ce monde, mais au delà de ses pouvoir déjà grands, il possède celui plus grand encore d'être capable de traverser le rubis impie des joyaux tel que celui-ci... Utilise le à bon escient dans le duel que tu devras livrer contre Xiombarg ...
Erylka pris la lame et aussitôt l'être qui l'habitait tenta de s'imposer à son esprit. Cependant c'était sans compter sur la forte volonté de la jeune femme et sur les runes qui dispersaient partiellement les pouvoirs de l'entité ... et celui-ci fut contraint de servir sa nouvelle maîtresse ...
Et l'être banni se mit à rire ... car il se réjouissait de voir très bientôt le visage de son ennemie à la merci de sa jeune alliée...
Il enseigna encore Erylka sur les pouvoirs de la Reine, notamment ceux de persuasion de celle-ci qui pouvait l'entraîner à faire une erreur qui lui serait fatale... mais il lui laissa entièrement le choix de ce qu'elle demanderait à la Reine sous la torture du Rubis par Luskow...
Et Erylka choisit, son désir était grand et pas moindres ses ambitions. Si le Banni comprit ses désirs, il ne fit rien pour empêcher mais sourit encore en se disant qu'il avait vraiment bien choisi cette mortelle ! Si jamais il avait eut les pensées de l'éliminer après qu'elle ai réalisé ce qu'il voulait, celle-ci disparurent ...
Vint le jour de la rencontre funeste qui scella pour un temps le destin d'Erylka et qu'elle eut le loisir de regretter par la suite lors des moments de lucidité qui, parfois, comme par malédiction suivaient ces actes inhumains...
Dans la crypte du Joyau, elle en appela aux fluides chaotiques dispersés de l'ancienne déité... Elle puisa pour cela une partie du pouvoir de Lurskow que celui-ci fut contraint de lui octroyer par les runes qui l'enserraient étroitement... Le banni resta dans l'ombre...
Et Vint Xiombarg des cinq plans. Ce fut d'abord une lumière dorée, telle les lueurs de l'aurore d'un orangé éclatant, des lueurs violette semblèrent tomber tels des fragments de la voûte de la crypte, puis de ces lumières apparut une merveille de femme : elle avait des cheveux d'or sombre rayés de rouge et de noir, un visage parfait, des yeux et des lèvres ensorcelant. Elle était de haute taille, exquise de formes, vêtues de voiles dorés, orangés et violets... Elle souriait... « Mortelle, je ne sais comment tu as pu parvenir à ce que tu viens d'accomplir, mais tu mérites, je pense, une faveur si... » Mais Erylka ne lui laissa pas le temps d'achever : « une faveur n'ai pas exactement le mot en ce qui concerne ce que je veux de vous Reine Xiombarg... » Celle-ci fronça les sourcils prenant conscience soudain de l'endroit qui l'entourait sans pour autant connaître la raison de son trouble. Bien sûr, l'étoile à huit branche qui l'entourait et ce maudit triangle de la Loi entourant la mortelle, mais il y avait autre chose, deux choses et peut être trois qui la menaçaient en ces lieux... Elle fit cependant mine de ne rien remarquer et de jouer un jeu dont elle pensait être maître ... « Sais-tu Mortelle que cette étoile à huit branche ne peut me retenir et que je pourrais te punir du ton hautain que tu prends envers moi... N'abuse pas de ma patience, je t'ai proposé une faveur en échange d'un service que tu m'as rendu et que tu es bien loin de connaître car je ne suis ici que le reflet de Xiombarg des Jeunes Royaumes et assurément pas celle que tu attendais si toutefois telle étais ta volonté de l'invoquer ... De nouveau Xiombarg tourna sa tête pour regarder autour d'elle et alors commença de poindre dans son esprit un souvenir sur ces lieux, pourtant ce dernier était encore flou d'autant que la mortelle capta de nouveau son attention et la surpris une deuxième fois... - Mais non Xiombarg des Cinq plans, c'est bien toi que j'attendais et te redis que se n'est pas une faveur de toi que je désire, mais un pouvoir bien plus grand que tu vas me céder contre ton gré je le crains ... puisque tu n'es ici qu'une partie seulement de toi, un avatar incomplet et que j'ai le moyen de te faire accepter mes projets ... Et à Xiombarg de partir dans un rire cristallin résonnant contres les murs de la crypte... - Tu es plus folle que je ne l'ai cru Mortelle, imaginer que je ferais ta volonté contre la mienne !? |
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Mais son rire soudain se mua en cris d'effroi ... et sa main se porta instinctivement à son ventre tandis que l'autre se tendait vers Erylka...
- Non mortelle, que fais tu... Comment ?...
Et devant elle Erylka venait de sortir le rubis impie et Lurskow qui avec un rire métallique avait déjà pénétré partiellement dans la gemme...
- Vois-tu Reine Xiombarg, j'ai fais l'acquisition de ce joyau qui ne t'est pas inconnu et j'ai grand désir de connaître ce que tu comptes m'offrir en échange de ton existence, car telle est la réalité n'est-ce pas ?...
- Mortelle comment as-tu pu jamais lier une entité du Rubis, seules de très rares créatures en connaissent les runes de liens...
- Et bien Xiombarg, il semble qu'Erylka ai trouvé le compagnon qu'il lui fallait pour cela, non ?...
- Toi !? Créature renégate...j'aurais du m'en douter ... et ces lieux dont je n'arrivais pas à me souvenir se qu'il représentaient !
- Trêve de bavardages Xiombarg, tu vas maintenant entendre mes désirs et t'exécuter si tu ne veux pas que ton coeur soit lacéré à jamais !
Vois-tu, ma demande est simple, tu vas m'assurer le moyen de parvenir à la connaissance extrême en tout domaine, d'apprendre celle inconnue et de spolier celle des autres, tu me donneras le pouvoir de contenir cette connaissance car je ne suis qu'une mortelle... enfin tu m'assureras ta protection et ne tentera rien contre moi... ni toi, ni une quelconque de tes créatures ou de tes alliés. Et pour t'éviter d'essayer de me nuire d'une autre façon, tu vas réintégrer ton coeur sur ce plan tant que ma volonté le décidera... Si jamais il m'arrivait quoi que ce soit, tu resterais à jamais prisonnière de la rune Krahs')low de lien que j'ai gravé sur ton coeur ...!
- C'est encore toi qui lui a révélé un tel pouvoir, le banni, ta vengeance t'aveugle au point de donner de telles connaissances à des mortelles qui mettent en danger l'essence même de notre race... soit doublement maudit...! Et toi mortelle, tu es intelligente mais téméraire, je n'ai d'autre choix que de t'obéir et d'obéir à Krahs')low. Je t'offre ce que tu me demandes, ma protection et le pouvoir de connaissance. Il sera tel que tu le désires. J'ajoute que puisque tu me fais prisonnière du rubis, tu revêtiras mon apparence tant que tu porteras celui-ci, mais malheur à toi si jamais tu perds le contrôle et de la gemme et de la rune de lien ...craint ma vengeance ...
- Mais si une telle chose devait arriver, cela ne pourrait se faire par toi car tu m'a jurés protection et de ne pas me nuire, souviens t'en où l'acier noir de Lurskow caressera les entrailles du rubis... va maintenant, exécute toi ! »
Alors Xiombarg commença de se dissoudre et d'être happée par le rubis dans un sifflement de dépit et peut être de souffrance tandis que sa forme immatérielle sortie de l'octogone et vint enlacer Erylka qui eut un geste de recul au contact chaud et glacial à la fois de Xiombarg... Elle sentit ses propres chairs se fusionner avec celles de la Reine, changer d'apparence et s'emplir d'un appétit dont elle commença à comprendre la portée... Elle avait omis de dire à Xiombarg le moyen par lequel la connaissance viendrait à elle... et elle comprit qu'elle devrait porter en cela cette libre interprétation de ses voeux par Xiombarg !
Mais qu'importe, pour l'heure elle était parvenu en peu de temps à l'inimaginable ... et cela grâce au banni qui accoudé contre l'autel de pierre regardait Erylka d'un air amusé...
« Belle tu étais, mais tu portes désormais une beauté inhumaine qui ne sera pas la moindre de tes armes... Tu t'en es très bien sortie, car la partie était certes dangereuse. Tu as pu obtenir ce que tu voulais, il est temps que tu accomplisses ta part du marché...
- Certes, nous avons convenus que je te rendrais la liberté et te renverrai dans cette contré que tu revendique comme tienne et il en sera fait ainsi si tu me jures à l'instant de ne rien tenter contre moi après que je t'ai libéré ...!
Le Banni sourit : « Encore félicitations, car le pouvoir ne t'aveugle pas au point de ne pas prendre de précaution, mais sache que j'avais décidé de te laisser oeuvrer sans rien tenter contre toi... peut être un des premier marché que je respecte jusqu'au bout, mais tu me plais décidément beaucoup Erylka... tu as ma parole et je te laisse la dague de pouvoir sur le rubis, ainsi qu'un dernier présent : ces trois parchemins dont tu prendras connaissance avec la plus grande prudence malgré la protection de Xiombarg. Ils sont dignes de ton pouvoir et il me plaît de te les confier ... Adieu belle créature...!
- Adieu le banni, je te libère de tes liens et te renvois d'où tu fus jadis bannit... »
Et le silence retomba sur la crypte ... Erylka épuisée s'étendit sur l'autel aux côtés des trois parchemins laissés par la créature d'écailles. Elle ferma les yeux et il lui sembla voir des contrées qui lui était inconnus, une forteresse, des êtres et elle se vit ... à l'apparence de Xiombarg, vit un être qui devint sa victime et sentit l'impression impie qu'elle ressentirai désormais à chaque fois que le flot de connaissance coulerait dans ses veines. Elle hurla d'horreur et son cri se répercuta longtemps contres les murs de la crypte... Elle posa sa main droite sur le rubis tandis que l'autre étreignait la dague runique, mais elle ne fit aucun autre mouvement ...
Un temps indéterminé passa puis elle se leva de la pierre, prit les parchemins dans sa sacoche et sortit de la crypte en la refermant derrière elle...
Elle sortit du temple, et vit son destrier qui l'attendait, piaffant d'impatience et peut être de peur en voyant Erylka si changée ... Sa voix le calma, elle le monta, son regard se porta vers Elwer au loin, mais elle tourna résolument sa monture en direction des monts qui séparent les deux déserts : une page était désormais tournée sur son passé ...
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