Conception et Réalisation : David Calmejane
Illustrations : Kronale
[Résumé/Plan] - [Introduction] - [La Trame] - [Premier Acte] - [Deuxième Acte] - [Troisième Acte] - [Quatrième Acte] - [Epilogue]
Dame Héléna avait, ce soir-là, salué son époux d'un tendre baisé plein d'amour. Elle se retirait avec l'enfant qu'elle portait si délicatement que personne au palais n'aurait su dire au combien son amour était grand pour ce petit bonhomme. Elle montait l'escalier pour se rendre à sa chambre lorsqu'elle croisa la soeur de son mari qui, tel un ouragan, se précipitait vers la sortie du palais pour rejoindre son amant. Elle était passée à coté d'elle sans un au revoir, sans un mot. Dame Héléna s'interrogea alors sur son comportement pour le moins frivole, mais mis rapidement cela sur le compte de la chaleur estivale. Les jeunes femmes deviennent toutes folles lorsque l'été pointe son nez, après tout elle aussi avait connu l'amour un été comme celui-ci. Ainsi, c'est ressassant ses souvenirs qu'elle rentra dans sa chambre. Elle resta quelque temps assise sur son lit à regarder le soleil se coucher tout en berçant l'enfant endormi. Puis sentant la fatigue l'assaillir, elle le mit dans son joli berceau, ouvrit grand la fenêtre et se laissa tomber dans un sommeil nimbé de rêves plus merveilleux les uns que les autres. Elle devait ne plus jamais se réveiller.
Karl Marko, le conseiller personnel du Duc de Rignariom aurait bien aimé que ce matin-là fût un matin comme les autres, mais ce ne fut pas le cas. Toute la maisonnée avait été réveillée par un cri d’effroi provenant de la chambre de la duchesse. Le chaos mit peut de temps à investir le couloir. Le corps glabre et sans vie de la première dame avait été découvert par la nourrice de l’enfant ducal. Autant dire que personne ne se trouva compétent pour gérer la situation, le Duc était abattu, les gardes du palais courraient et beuglaient des ordres comme si l’on se trouvait dans une ruche, et enfin les domestiques étaient paralysés, abrutis par l’ampleur de l’événement. Tous se tournèrent vers le vieux sage qui du, bien sur, tout organiser. La plupart des domestiques furent renvoyés dans leurs quartiers, le corps emmené chez le médecin, et les lieux laissés intacts. La mort fut évidemment annoncée à la population, une mort tragique causée par les suites de l’accouchement. Bien entendu, Marko ayant considéré le corps ne trouva pas cela tout à fait normal, la cause de la mort ne paraissant pas naturelle à ses yeux aiguisés. Il n’en toucha mot à personne, mais il se souvenait parfaitement de la tentative d’assassinat à l’encontre de Wilheim cinq ans plus tôt. Il ne fallait pas prendre la mort de la duchesse à la légère. Il décida de faire convoquer le grand prêtre de Donblas dans la plus grande discrétion et ce dernier conforta son opinion. Ce n’était que le début d’un sombre complot à connotation chaotique. Le soir même il écrivit de nombreuses missives qu’il envoya sous pli discret à quelques personnes de confiance. Ses amis l’aideraient certainement dans cette enquête, ils seraient peu connus du gothas de la cité, ce qui serait fort utile si comme il le pensait, quelqu’un d’influent était l’auteur de ce méfait.
Ces personnes de confiance sont au nombre de cinq : Cyke l’assassin, Edric le mercenaire melnibonnéen, Magda l’amazone, Yassin archer blanc de la cité, Kacem sous officier de la garde de Rignariom. Tous sont liés plus ou moins à ce vieil homme, certains lui doivent leur carrière, d’autres travaillent depuis toujours pour Marko et lui servent occasionnellement d’informateurs. Le conseiller du duc les a choisis d’une part parce qu’ils sont peu connus en ville du fait de leur faible influence, et d'autre part, car ils sont complémentaires, venant de milieux différents, ils seront à même du fait de leur rang ou de leur fonction, de glaner de nombreuses informations auxquelles de simples enquêteurs n’auraient pas accès. Chacun d’entre eux recevra le soir même de la terrible à annonce, une lettre écrite et signée par Marko les conviant à une réunion tenue le lendemain matin au palais.
A leur arrivée au palais, un garde les mènera dans une belle salle de réunion au rez-de-chaussée. Celle-ci est ornée d’une grande table centrale en bois massif. Quelques fauteuils travaillés meublent cette salle rectangulaire. On trouvera de ci, de là, des armes de collection accrochées aux murs ainsi que les armoiries du Duc de Rignariom suspendues d’une cheminée entretenue. Ils seront priés de s’installer et de goûter à la collation servie par un domestique mentalement diminué. Ainsi auront-ils le temps de faire les présentations. Après quelques minutes, le duc et le conseiller entrent dans la pièce. Wilheim abrégera le protocole et leur demandera de bien vouloir prendre place dans un siège. Karl Marko, quant à lui, saluera les personnages, en les remerciant de s’être dérangés si tôt dans la matinée afin de répondre à sa demande. Au premier regard, on pourra s’apercevoir de l’état de fatigue du seigneur. Il semble pour le moins hagard et son visage porte les stigmates de la nuit blanche qu’il vient de passer. La cicatrice qui orne son visage apparaît maintenant comme un vilain rictus déformant son sourire. Durant l’entretien qui suivra, seul le conseiller prendra la parole. Après un petit monologue dressant l’état de la situation, lui-même et le duc seront à même de répondre à d’éventuelles questions, du moment que tout cela reste dans le domaine du tolérable.
" Messieurs, Mademoiselle. Je vous sais gré encore une fois d’être venus à ma demande. Vous ignorez sûrement pourquoi cette réunion était urgente. Eh bien voilà : un événement grave vient de survenir, je suppose que vous n’êtes pas sans le savoir. Cependant ce que vous ne savez pas, c’est que la première dame a été assassinée. Nous essayons bien évidemment de cacher cet état des choses à la population, sa mort ayant été signalée comme étant la triste conséquence d’un accouchement difficile. Le Duc de Rignariom et moi-même vous demandons de bien vouloir enquêter sur cette affaire délicate. Pourquoi vous avoir choisis, me direz-vous ? Tout simplement parce que nous pensons que cet assassinat n’est que le début d’un complot plus vaste visant à déstabiliser le pouvoir dans notre belle cité. Or, vous ne passez pas pour être connus en ville, et je vous connais assez pour avoir une certaine confiance en vous. Aussi, si quelqu’un a pu se glisser dans le palais, nul doute que nos ennemis doivent avoir de nombreux contacts en ville.
Voilà ce que l’on peut considérer comme étant le résumé des faits. La duchesse a été trouvée morte à l’aube du jour deuxième de ce mestre de la lyre. Le corps, tel qu’il a été trouvé était disposé sur le lit. Ce n’est donc qu’au levé du soleil, que la nourrice de l’enfant ducal, Iselda, est entrée dans la chambre. D’après ses dires, elle avait été réveillée par les cris du bébé. Elle en informa immédiatement tout le palais. (ironique) "
Pendant le discours du conseiller, Wilheim restera muet, ressassant souvenirs et remords. Il laissera échapper une larme emplie de tristesse qui coulera le long de sa joue mutilée. A la fin de l’exposé, il se lèvera, et c’est d’une voie troublée qu’il demandera aux personnes présentes de lui pardonner son manque de courtoisie, car il doit prendre congé. Reprenant quelque peu ses esprits, il leur signalera qu’il s’entretiendra avec eux ce soir des éventuelles découvertes qu’ils auront effectuées durant la journée. Il sortira ensuite de la salle. Sur ces dernières paroles du seigneur, Marko leur proposera d’aller voir le corps ainsi que le lieu du crime. Bien entendu, il répondra à leurs questions en chemin. Concernant le corps de la dame, Marko préférera les laisser découvrir par eux-mêmes certains détails pour le moins choquants. Sur le personnel du palais, il semble que la nourrice qui loge dans la chambre voisine n’ait rien entendu au moment de la mort. Le conseiller semble la croire, c’est une servante fidèle, elle était très attachée au couple ducal. Elle a découvert le corps alors que le bébé pleurait, il avait effectivement mouillé ses langes. Elle est très choquée par l’événement malheureux. (La rencontrer afin de mener un interrogatoire ne donnera rien de plus. Envisager la menace n’est pas une bonne solution, elle s’évanouira à la moindre parole agressive.) Quant au Duc qui se trouvait au même étage, il ne s’est aperçu de rien. Il faisait chambre à part depuis quelques mois du fait de la grossesse de sa femme. La sœur du Duc est rentrée tard dans la nuit, elle a appris la triste nouvelle en arrivant au palais. Le conseiller leur confiera également qu’une délégation du Temple de Donblas est déjà venue afin d’enquêter sur les lieux. Il a cru comprendre que les forces du chaos étaient à l’œuvre, les envoyés de la loi n’ayant rien voulu lui confier d’autre, mais ils discuteront de ceci plus amplement dans la soirée, d’ici là, il aura certainement des nouvelles.
Cela fait déjà plus de 24 heures que la première dame de Rignariom a été retrouvée morte. Sa chambre n’a pas été nettoyée, mais bien évidemment le corps n’est plus là. Il s’agit d’une belle pièce au parterre boisé. Un lit majestueux se dresse dans le fond de la chambre à coucher, couvert de voiles rouges et verts. On pourra trouver à son côté un landau portant encore les stigmates laissés par le nouvel héritier du Duc Wilheim. Outre les meubles de facture remarquable, on pourra noter dans un coin de la pièce, la présence d’un roué sur lequel est placé le début d’un fin ouvrage de couture. Quelques indices intéressants ayant traits à la chambre elle-même et au mobilier. Sur le lit, on pourra remarquer des traces de sang, là où se trouvait la tête de la victime. Des traces de brûlures forment de fort minces sillons sur le matelas (chercher-10%), ainsi que sur les boiseries du sol (chercher-20%), ce sont des traînées régulières qui semblent conduire jusqu'à la fenêtre(chercher-30%). Cette dernière a d’ailleurs été trouvée ouverte. Elle ne porte aucune trace d’effraction. La Duchesse avait tout simplement ouvert sa fenêtre pour aérer la chambre avant de s’endormir paisiblement.
Installé dans une chapelle ardente, son accès est pour l’instant interdit au personnel. La dame n’a pas encore été nettoyée. La grande pièce dans laquelle entre notre petit groupe se situe sous le château. Il y fait un froid de canard, la lumière y est faible, un endroit fort lugubre. Quelques indices intéressants ayant traits au corps de la Duchesse. En l’éclairant suffisamment on constatera tout d’abord qu’aucune violence n’a été perpétrée, le cadavre ne portant aucune marques de coups. Cependant les yeux de la pauvre femme sont restés ouverts, figés, comme regardant le ciel et imprégnés d’une indicible horreur. Quelques tâches de sang marquent ses narines, sa bouche et ses oreilles. Elles restent inexpliquées, cependant de tels symptômes post mortem sont présents sur les victimes de champs de bataille (premiers soins) (Note : jusqu’ici l’hémorragie cérébrale ne fait pas partie du vocabulaire médical).
On pourra constater grâce à un examen minutieux des alentours, que les traînées de brûlures précédemment citées se retrouvent sur le mur extérieur du palais, se situant justement sous la fenêtre de la chambre (chercher-10%). Ces traces qui sont trop difficiles à suivre dans l’herbe pourront être retrouvées sur le mur d’enceinte intérieur et extérieur (chercher -40%). Les traces s’arrêtent juste derrière cette enceinte, un endroit pourtant à la vue des gardes extérieurs du palais. Hors ceux qui étaient de garde cette nuit-là n’ont rien vu ni entendu. Ces soldats sont sincères.
Voilà qui devrait laisser perplexe les enquêteurs. Il n’y a eu aucun témoin, il semble que quelque chose ait pénétré dans le château avec une facilité déconcertante, sans causer le moindre trouble. Même la victime ne s’est pas réveillée lorsqu’on est entré dans sa chambre. Nul doute que de nouvelles informations viendront garnir leurs escarcelles dans la soirée. Marko n’a pas toute son après-midi. Il les laissera organiser des recherches dans le palais et ses jardins. Il leur fera tout de même savoir qu’il pense avoir trouvé deux pistes intéressantes. Il préparera des dossiers complets pour ce soir et les invitera cordialement à venir dîner en sa compagnie, en début de soirée.
Après une après-midi d’enquête, espérons que nos investigateurs auront glaner des informations utiles, ils seront conviés à un repas avec le conseiller. Le Duc, quelque peu remis de ses émotions sera lui aussi présent, ce sera certainement l’occasion pour les personnages de lui poser quelques questions, auxquelles il essaiera de répondre. Il connaît tout du conseil et de la famille royale, de telles informations peuvent s’avérer utiles. Le repas se fera au palais dans le salon où tous se sont rencontrés. Karl Marko entrera assez vite dans le sujet, demandant par conséquent à ses convives de lui exposer ses trouvailles. S’ils mentionnent les sillons et les autres indices, ce dernier sera étonné. Tout ceci semble conforter l’avis de l’église de la loi. Il leur confiera à son tour les pistes qu’il a pu trouver. Marko aura apporté deux dossiers, l’un traitant d’une tentative d’assassinat à l’encontre du Duc, il y a de cela cinq ans l’autre dossier portant sur la présence possible d’un nouveau culte chaotique quelque part en ville. Ces nouvelles informations devraient inciter les enquêteurs à se focaliser sur deux pistes : la piste des saltimbanques et celle du nouveau culte du chaos. Mais la question primordiale qu’ils devraient se poser est : qui a intérêt d’attenter à la vie du Duc et à celle des membres de sa famille ? Ils seront alors à même de se renseigner sur les rapports existant entre les membres du Conseil, et peut-être aussi sur la sœur du Duc de Rignariom qui serait amenée à lui succéder s’il venait à décéder. Mais alors pourquoi ne pas avoir attenter à la vie de Wilheim directement ?
Depuis peu, le temple de la loi a émis l’hypothèse qu’un nouveau temple se serait formé quelque part dans la cité. Pour accréditer leur argumentation auprès du conseil, le grand prêtre Vilfor a mis en exergue des disparitions de jeunes femmes. D’après ses agents, certains corps auraient été retrouvés portant des blessures faites par un poignard. Ils ont recensé avec l’aide des autorités une dizaine de victimes : quatre ont été retrouvées mortes, cinq sont portées disparues. C’est ainsi qu’ils se sont permis d’effectuer une corrélation entre les différents cas.
" Autant dire que nous avions l’air quelque peu ridicules le Duc et moi-même, lorsque l’affaire fut exposée lors du dernier conseil. Il semblerait que le temple de la loi soit mieux informé que nous sur certains points "
Marko leur donnera le nom de l’enquêteur représentant de l’autorité de ville, qui a été mis sur l’affaire : Alexandervan Naut. S’ils veulent plus de précisions, ils n’auront qu’à le contacter, son bureau se situe dans le quartier des logements de la milice de Rignariom.
Il y a de cela cinq ans, une troupe de saltimbanques est venue à Rignariom et y a effectué de nombreux numéros. Toute la ville en a profité et a été séduite. Il est si rare de voir des artistes en ces lieux. Le Duc lui-même les convia au palais afin qu’ils donnent une représentation lors d’un dîner conviant en conséquence de nombreuses personnalités de la ville. Tout ce passait à merveille mais le chef de la troupe dans un moment de folie se jeta sur le Duc, un couteau à la main. Il s’en fut de peu pour que Wilheim ne fut tué. Un jeune homme de la même troupe se jeta sur la lame avant qu’elle n’atteigne sa cible. Il fut grièvement blessé, mais son intervention permit de neutraliser l’assassin. Ce dernier était comme pris de folie, ses yeux étaient révulsés, de la bave blanchâtre filtrait de ses lèvres. L’interrogatoire ne donna rien, il criait sans arrêter tel un dément jusqu'à ce qu’il fut pris de convulsions qui le menèrent douloureusement à sa mort. Il s’avéra que les jeunes gens, membres de la troupe ne comprenaient visiblement pas ce qui s’était passé. Dol le jeune homme qui risqua sa vie, était dans un état de choc, cet événement peu commun lui avait chaviré l’esprit, il n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Les autres n’ont pas été arrêtés et vivent maintenant pour la plupart dans la cité. Marko leur présentera la liste des noms de ces anciens artistes. Il s’était attaché à leur trouver un nouveau travail après cette sombre affaire. Depuis il ne sait pas ce qu’ils sont devenus. Si les investigateurs décident de suivre cette piste, il leur faudra les retrouver.
Dol : il s’agissait de l’homme à tout faire de la troupe. C’est lui qui a sauvé la vie du Duc. Il travaille maintenant comme domestique au palais. Il a d’ailleurs servi une collation aux invités du conseiller (les personnages) lors de la réunion qui s’est déroulée dans la matinée.
Lycia : jeune et jolie trapéziste de la troupe. Elle fut engagée par la guilde des amazones après l’attentat. Il ne devrait pas être difficile de se renseigner sur elle.
Jorivol : lanceur de couteaux de la troupe. Il intégra la milice de Rignariom. Là aussi, il sera facile de le localiser.
Opluk : il faisait office de clown. Il accepta l’offre de Karl Marko et officie maintenant comme orateur aux Arènes de Rignariom.
Furfur : il s’agit juste d’un surnom. Son véritable nom est Karlo, il était spécialiste des tours de passe-passe. Il refusa l’offre du conseiller. Personne ne sait ce qu’il est devenu. Il semblerait d’après les archives qu’il ait quitté la cité il y a deux ans.
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